Mes yeux sont infectés ma vue trouble j’ai
confondu la lune avec un lampadaire
 
je t’appelle puis je te bloque et
je ferme le téléphone pour
ne pas
espérer
 
à Verdun
les rues sont désertes
noires
il y a un fond de terre qui dégèle dans l’air froid
les feuilles mortes sont encore dans les branches d’arbres et
la neige est devenue de la glace sur laquelle
je marche
précautionneusement vers
 
le dépanneur
 
il n’y a presque personne
des rouleaux de papier de toilette
qui
trônent fièrement sur les tablettes les rangées débordent de
toutes les nécessités de la vie chips bière bonbons loteries nourriture pour animaux
 
macaronis en boite pleins de
 
létalité
 
ici
 
les gens
ne font pas de réserves ils n’en ont jamais fait c’est
une crise qui s’étire depuis toujours qui
ne s’arrête pas ne s’arrêtera pas
 
au moins pour une fois il y a de quoi parler
 
Nathalie Boisvert, 14 mars 2020,

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